Le justicier n’eut pas à attendre de réponses car le Chevalier disparut en un clin d’œil. Cependant, il sentait avec netteté sa présence ! Ses nouveaux dons lui révélaient qu’il était dans la ruelle mitoyenne à celle-ci. Cette idée effraya quelque peu Sion qui n’était pas encore habitué à ce monde triste et lugubre … Il fit quelques pas, suivant la trace bleuté qu’avait laissé Alexander dans son sillage lorsque celui-ci les appela, Elise et lui. Jetant un regard hésitant à la jeune schifft, il se rapprocha un peu plus vite de l’endroit d’où provenait la voix. Ce qu’il vit là lui procura un haut le corps. Il y avait beaucoup de sang. De plus, les deux petits trous sur la nuque de l’humain allongé par terre, dans son propre plasma laissait facilement présager de la cause de sa mort … et des énigmatiques paroles d’Elise. Elle … l’avait tué ! Et s’en était repu. Cette idée fit frissonner Sion, mais il la voyait trop innocente pour y croire, du moins tant qu’il ne l’aurait pas vue de ses yeux. Cependant, sa blessure sûrement régénérée devait être du fait de l’être allongé à même le sol.
S’ensuivit alors la démonstration du pouvoir d’Alexander. Les arcs électriques qu’il lâcha firent sursauter Sion. Était-ce … de la magie ? Aucunement, surement une aptitude peu commune. En entendant les craquements sinistres que firent les os du pauvre bougre en se fracturant, il détourna les yeux, afin de ne pas assister au carnage. Même sur un champ de bataille, il n’avait eut affaire à un tel charnier mais son instinct lui dictait de ne pas s’opposer à une telle créature. Il ne dit alors rien lorsque celui-ci voulu lui confier les papiers mais il acquiesça d’un air grave …
« Se nourrir … C’est donc ce à quoi je dois me soumettre … dévorer mes semblables … »
Il jeta un regard mélancolique à sa protégée et eut même un léger sourire lorsqu’elle évoqua leur vie future et idéale … Il s’apprêta à la conforter lorsqu’elle le prit par le bras et entreprit de le guider ainsi qu’Alexander vers leur nouvelle demeure. Elle les amena dans ne nombreuses petites ruelles aussi sordides que sombres, mais grâce à ses dons Chyroptériens, ses pupilles s’adaptaient très bien à l’obscurité, se rétractant ou s’élargissant en fonction de la lumière, telles celles d’un chat. Les changements dans le corps de l’humain devenaient de plus en plus conséquents sous sa forme normale à chaque fois qu’il franchissait la limite de sa conscience. Désormais, il sentait une force démesurée habiter son corps, ainsi qu’un penchant étonnant pour la viande saignante … A présent, son ouïe et sa vision étaient très fortement accrus, ainsi qu’un étonnant sixième sens l’avertissant du danger que représentait les créatures fantastiques telles que lui. Il accueillait plutôt bien la plupart de ces évolutions, mais la permanence de son tempérament bestial l’inquiétait au plus haut point. Que ferait-il s’il en perdait totalement le contrôle ? Elise avait dit qu’elle le tuerait … et c’était certainement le meilleur échappatoire avant qu’il ne s’attaque à des innocents.
Perdus dans ses sombres pensées, il vit la ville défiler sans y prêter attention, se repérant aux pas et à la voix de ses compagnons. Il laissa la jeune femme les amener devant les locaux du tueur en série sans vraiment le remarque, jusqu’à ce qu’elle ouvrit la porte et qu’une étrange odeur le prit à la gorge. Un mélange d’ammoniac et … d’un composé qui ne lui était pas inconnu. Une lumière rouge allumée un peu plus loin confirma ses impressions, leur victime développait ses photos à la main. Il fronça les sourcils et respira un peu plus fort. Les lieux sentait affreusement les croquettes pour chat. Ses dons accentués lui permettait de sonder l’endroit sans y mettre un pied ! Un son semblable à une goutte d’eau lui indiquait que la baignoire fuyait, un rat marchait le long du plancher, reniflant le sol. Un son doux et feutré lui apprit qu’un chat vivait ici et qu’il venait de sauter du fauteuil. Il distingua nettement la forme du félin s’étirant, et celle du rat fuyant dans son terrier. Il vit le matou poser ses deux pupilles énigmatiques sur lui tout en se léchant la patte. C’était un magnifique chat noir, aux yeux verts atrocement obèse … Il miaula doucement puis se précipita vers sa gamelle vide. Sion sourit puis il entra dans la pièce sans même penser à allumer les lieux tant sa vue nocturne était améliorée. Il poussa un peu la porte et une tige en métal bascula du haut de l’encadrement, il pivota sur le côté et l’arrêta en plein vol d’une seule main. C’est alors qu’il remarqua que l’objet en question était une sorte de guillotine improvisée. Il lâcha le fragment métallique, stupéfait par ses propres réflexes et fit quelques pas en arrière. Il fit le tour des lieux et ne constata aucune autre mesure de sécurité. Ils possédaient à présent une cuisine une salle de bain et deux chambres à coucher. Ainsi qu’une salle pleines de photos … En y entrant, Sion distingua des images de nombreuses femmes dont certaines étaient barrées. A côté de celles qui était rayées, des photos de leur corps mutilé était affichées. Sion referma vivement la porte et réprima à nouveau un haut le corps. Peut être qu’ils avaient finalement bien fait de choisir cette victime là, et pas une autre. Il poursuivit sa recherche en prenant bien soin d’enlever toutes les photographies et de les entasser dans la cheminée avant d’y mettre le feu avec un briquet trouvé dans un tiroir de la cuisine. Il s’assit sur le canapé du salon afin d’explorer la table basse et d’y découvrir une série de livres pornos qu’il envoya aussi brûler avec les photos en les cachant soigneusement à Elise. Il sourit machinalement en observant son comportement vis-à-vis de la jeune fille, *Tel un père.* se dit-il. Il finit par ouvrir un sachet de croquettes et de les verser dans la gamelle du chat tant celui-ci devenait insupportable par ses miaulements et ses marques d’affection. Il jeta un regard amusé à ses compagnons.
« Et bien … nous voilà finalement installés, Chevalier. »
Il termina sa phrase en jetant une bûche dans le feu qui brûlait puis il se rendit compte que la lumière était éteinte dans la pièce où il se trouvait. Il n’eut qu’à tendre le bras vers l’interrupteur afin de l’actionner, et les lieux s’illuminèrent.
[HRP : et bien voilà … mais ça reste vague ^^’’ ]
