L'auberge du Chevalier farci

Le barde acheva de jouer sa ballade langoureuse et la fille vint se blottir contre lui, nue comme un ver. Cela faisait quelques temps qu'il s'était rhabillé mais il jeta un regard nostalgique vers le lit aux draps défaits.
- Vous jouez divinement bien, lui susurra la fille à l'oreille. Un véritable don de Notre Seigneur...
À condition qu'il arbore une fourche, des cornes et une jolie paire de sabots, songea Erik avec ironie, sans oublier la queue fourchue, naturellement. Il effleura presque tendrement la nuque de sa compagne et la naissance de ses épaules. Jolies veines. Y planter ses crocs le tentait de plus en plus.
Il avait ramassé la fille en bas de l'auberge, alors qu'elle essayait de vendre ses charmes le plus maladroitement du monde. Affublée de vieilles hardes et à moitié cachée sous une épaisse couche de crasse, elle ne lui avait tout d'abord pas semblé très affriolante. Mais sa rencontre avec Mitsaguru Sakoon l'avait mis dans une sombre humeur et il n'avait pas eu la patience de courir les filles pour dénicher la plus jolie et la fourrer dans son lit. Sans compter que celle-là, une fois dévêtue et après un bon bain, s'était révélée plus que passable et, charmante surprise, relativement inexpérimentée.
- Je te remercie, sourit-il. Tu me flattes.
- Oh, non ! Je dis la vérité ! On dirait un ange ! Votre musique est...merveilleuse.
Pour peu que je le souhaite, une de mes mélodies te ferait mourir de chagrin et une autre de honte... Cette fille était une véritable gourde et cela toutes les musiques du monde ne pourraient rien y faire. Au moins s'était-elle révélée ... utile. Erik haussa les épaules. Il ne boirait pas son sang, c'était la seule chose qu'il se gardait d'infliger à celles qui partageaient sa couche. Une forme pervertie de reconnaissance, sans doute. Mais bon, cela s'arrêtait là.
- Rhabille-toi et déguerpis, lui lança-t-il soudain.
Elle tressaillit, comme giflée.
- Mais...messire...je croyais...
- Que quoi ? Que tu n'étais pas une femme sans honneur ni vertu et moi un barde sans attaches ? À moins que ce ne soit tes gages que tu réclames ?
Il fit mine de fouiller dans sa bourse puis de se raviser.
- Quoique, j'ai payé pour le dîner, la chambre et surtout le bain...
Elle le regardait, mortifiée, de grosses larmes roulant sur ses joues. Erik commençait à perdre patience. Il s'était assez amusé comme ça.
- Habille-toi ou sinon je te fiche dehors en cette tenue !
Elle obéit en tremblant, se hâtant d'enfiler ses haillons. Erik lui lança alors un écu qu’elle attrapa au vol.
- Maintenant, dehors.
La fille se hâta de filer comme si elle avait le diable à ses trousses. Enfin seul et l’oubliant aussitôt, Erik se mit à réfléchir. Jamais il n’aurait pensé retrouver l’ancien général renégat des monstres des glaces à Paris et occupant cette fonction d’Inquisiteur. Mitsaguru Sakoon… Comment avait-il pu oublier son visage ? Il soupira puis regarda par l’unique fenêtre de la pièce miteuse. Quelque part, il pouvait entendre ses défunts camarades hurler leur haine et leur soif de vengeance. Eux étaient morts et le traître toujours en vie. Que devait-il faire ? D’après ce que leur bref duel avait pu révéler, leurs pouvoirs s’équilibraient relativement bien. Quant à leurs forces… et bien, Erik n’était-il pas né Viking ?
Un remue-ménage provenant de l’étage inférieur, et donc de la salle commune, vint interrompre ses pensées. Quelques cris et meubles heurtés au milieu des protestations cependant timides des clients avinés. Erik se leva, vaguement inquiet.
- Holà, aubergiste ! As-tu vu ce barde ? interrogea une voix rude. Il est recherché par la Sainte Inquisition.
- Il est dans une chambre en haut ! piailla la fille qu’il avait chassée.
Ne jamais mécontenter les femmes…
En quelques mouvements, il rassembla ses affaires pour les mettre dans sa besace en même temps que les soldats du guet se ruaient dans l’escalier, faisant trembler toute l’auberge.
Erik fracassa la fenêtre pour sauter dans la rue, évitant de justesse une flaque de boue empestant les ordures.
Par la fenêtre brisée, les soldats le virent les saluer, moqueur, avec l’emphase d’un grand seigneur.
- Saluez votre grand inquisiteur démoniaque de ma part. Quant à moi, j’ai à faire…
Et il disparut dans les bas quartiers de Paris.

Mitsaguru observa plus profondément les ombres. Oui, quelqu'un était là, et il portait une fragrance bien appétissante sur lui. L'odeur du sang, il avait récemment tué. Un coup d'oeil rapide derrière lui lui permit d'apprendr qu'il n'y avait aucun humain dans les environs. Cela lui ota un poids de la conscience. Il pourrait combattre cet individu avec toute sa puissance et tous ses pouvoirs. De plus, il avait fait un repas digne de ce nom quelques minutes auparavant. L'Inquisiteur frissona d'excitation.

[Tarl Yakdash] "Je vous demande pardon? Vous devez certainement faire erreur messire."


Mitsaguru se mit à rire. Cela n'annonçait rien de bon. Il ressera sa prise sur son épée. Son adversaire lui semblait très antipathique. Un rictus de dégoût passa fugitivement sur ses traits. C'était ce type d'individus qui les avaient condamnés, lui et sa bien-aimée. Cette pensée ne fit que rajouter de la haine pour Tarl, attisant aussi son désir d'en finir au plus vite. Il n'était pas celui qu'il cherchait, et il savait que Erik avait bien été présent, lui.

"Je ne crois pas, non."

L'Inquisiteur ferma un instant les yeux, et son sourire s'élargit. Un léger vent soufflait dans la ruelle, et la cape du chyroptérien ondulait légèrement. Il lacha le manche de son glaive, puis il croisa les bras. Ses intentions étaient on ne peut plus claires : si Tarl voulait passer, il devrait se battre, ou se soumettre. L'aspect de cet homme lui répugnait, il ressemblait à un oriental, mais tout dans son aspect indiquait son sadisme apparent. Un dernier coup d'oeil en arrière ... Toujours pas de témoins, parfait. Les yeux du chyroptérien devinrent rouge sang, et ses muscles se tendirent. Il fléchit un peu les genoux et baissa son centre de gravité. En une seconde, il dégaina son épée, et un grincement horrible retentit. Seule une oreille aiguisée pouvait l'entendre, et Mitsaguru s'y était habitué, ce qui lui permit de ne pas faire une grimace. Il posa doucement la pointe du long glaive au sol.

"Veuillez me suivre."

La tenue de Mitsaguru révélait clairement qu'il était Inquisiteur, et son injonction ne pouvait être mal interprétée, seul le bûcher attendait Tarl. Des vibrations concentriques se mirent à émaner petit à petit du chyroptérien, il rassemblait ses force sen vu d'un combat.

Mitsaguru leva un sourcil et se relacha quelque peu. Cet homme n'était donc pas au courant. Il ne savait rien de tout ce qu'il avait vécu. Tant mieux, il ne serait que plus malléable. Cependant, il lui proposa ses services, ceux d'un mercenaire sans fois ni loi. Un Inquisiteur ne pouvait pas rôder dans les bas quartiers sans se faire reconnaître, alors qu'un individu comme lui pourait se charger de cela. Il pourrait être sesyeux, et pourquopas régner sur la pègre locale ? Un chyroptère pouvait fcilement s'en acquiter, et cela lui donnerait la pouvoir total sur la ville.

"Mon prix ? Disons votre rédemption. Ainsi qu'une amnistie totale de vos crimes. Votre offre me plaît."

Le chyroptérien baissa sa lame, puis il la rengaina. Il relacha la pression, puis vérifia une énième fois qu'ils étaient seuls. Il suffisait d'un seul petit curieux ... Mais après tout, qu'était-ce qu'une seule voix conte sa toute puissance ?

"Je vous offre l'or, ainsi que la protecton de l'Eglise. Quant à vos repas, tachez d'être discrets. L'homme que je cheche se nomme Erik. C'est un ancien chyroptèrien, un ancien Soldat."

D'un geste de la main, il invita Tarl à le suivre. Il pivota légèrement, puis il prit un air amical. Mais derrière ce sourire entendu, l'homme guettt sournoisement son nouvel allié.

"N'essayez rien de facheux, par contre, cela serait dommageable pour nous deux."

L'Inquisiteur fit onstensiblement tinter l'or dans sa poche.

"Et pourquoi pas nous mettre en route tout de suite ?"

*En voilà un qui partira au bûcher dès le moindre faux mouvement hun hun hun ...*

Erik se dissimula plus encore dans l’embrasure d’une porte. Il assista de loin à l’entretien entre Mitsaguru Sakoon et un nouveau venu, Chiroptère de son état.
- Décidemment, c’est la journée des traîtres, grogna-t-il sourdement.
Dans son intérêt, il espéra que la fille de l’auberge avait tenu sa langue. L’inquisiteur ne lui avait pas paru très…tendre avec les humaines.
Les soldats de l’Inquisition avaient encerclé une partie des bas quartiers, en faisant preuve d’un peu plus de pessimisme, Erik aurait pu penser qu’il était fait comme un rat. Sauf que… Il y avait toujours un endroit où jamais les soldats, garants de l’ordre et de la sécurité de cette bonne vieille ville, ne mettraient jamais les pieds. Il sourit sombrement. La Cour des Miracles était ce lieu si particulier, haïssable aux gens de « bien » et si commode à ceux qui avaient besoin.
Le barde se mit à réfléchir rapidement, observant les deux autres qui continuaient à parler. Il avait ses habitudes à la Cour des Miracles et jamais il n’avait commis la sottise de toucher à une de leurs femmes, ni à qui que ce soit, d’ailleurs. Ses ballades étaient même les bienvenues. Sauf que… Que se passerait-il lorsque les brigands, mendiants et autres malandrins de Paris apprendraient qu’il avait la Sainte Inquisition à ses basques ? C’était autre chose tout de même que les soldats du guet, un ennemi autrement plus puissant et tenace. Cela en valait cependant la peine, il pourrait y gagner un fameux répit en leur jouant une chanson dont les vers commençaient à affluer dans son esprit. Aujourd’hui, les muses ne le désavoueraient pas.
Lentement, attentif à se glisser dans la moindre des ombres, il quitta le quartier de l’auberge après un dernier regard à Mitsaguru Sakoon et l’autre chiroptère. Si Tarl Yakdash croyait qu’il ne l’avait pas reconnu, il se trompait lourdement…

Mitsaguru souriait largement, jusqu'au moment où Tarl l'appela par son nom. Personne ne connaissait son vrai nom en ces lieux. Et our cause, il ne lavait jamais révélé. Aucun doutes possibles, le mercenaire mentait.

"Dites moi, vous connaissez mon nom, mais je n'ai pas l'honneur de connaître le votre, mercenaire."

Cette épée, et cette toge. Oui ... Maintenant, il s'en souvenait. Enfin, peut être ... Un de ses plus brillant généraux, autrefois : Tarl Yakdash. Dommage, s'il n'avait fait cette erreur, il aurait déjà été loin avant que Mitsaguru ne s'en rende compte ... Il lui faudait refaire le compte de tous les anciens dirigeants des castes scandinaves. Un tiraillement lui secoua ses sens de chyroptère. Un coup d'oeil furtif lui permit de distinguer une ombre mouvante.

"Votre travail commence ici, mercenaire."

*Tarl ... Va, essaye d'attraper le ménestrel, et attends toi à me revoir très vite. Ton sang est déjà sur mes mains !*

L'Inquisiteur referma sa main sur la poignée de son arme. Ses jointures commençaient à devenir blanches, et il cntrolait difficilement sa fureur. Dire que deux de ses meilleurs ennemis étaient là, à quelques pas de lui ... Des envies de massacre affluaient de plus en plus rapidement à son esprit ... Une envie meurtrière de saigner de l'humain, et d'étriper des chyroptères ...

[HRP/ Bon je poste today mais j'sais pas quand est-ce que sera le prochain post à cause de mon ordi. Faudra qu'Erik intervienne plus dans le rp XD]

Alors qu'il marchait au pas derrière Mitsaguru, Tarl se rendit compte de la petite erreur qu'il venait de commetre lorsqu'il mentionna le nom de famille de l'inquisiteur. Cependant, le mercenaire ne laissa pas paraitre son léger malaise et répondit le plus naturellement à son nouvel employeur lorsque ce dernier lui demanda son propre nom.

"En effet, je connais votre nom. A vrai dire, je n'en ai entendu parler uniquement en consultant chez un très vieil ami la liste des noms de tous les généraux de cette ville... Comprenez que j'aime prendre mes précotions.
En ce qui concerne mon nom...

Tarl hésita un bref instant, le temps pour lui de prendre une décision cruciale...

*Cette histoire sur l'obtention de son nom ne tiendra probablement pas la route. Néanmoins, je me dois quand même de rester prudent concernant mon identité. Un faux nom fera l'affaire...*

... Appelez-moi Karimi, Karimi Izeuh."

Tarl avait débité tous ces mensonges avec une facilité déconcertante. D'ailleurs, même ses plus proches compagnons auraient surement eu un doute pendant une fraction de seconde en l'entendant prononcer ces paroles. Bien entendu, pour un mercenaire, le mensonge, la tromperie ainsi que la belle parole étaient des arts qu'il fallait à tout prix maitriser.

Quoi qu'il en soit, Tarl n'eut que très peu de temps pour gamberger car déjà se profilait sa première mission. En effet, Mitsaguru, tout comme lui, venaient de percevoir une ombre fuir avec empressement les environs. S'il s'agissait d'Erik, le mercenaire devait sur le champ se mettre en route sous peine de perdre avant un moment toute trace du... ménestrel.

"C'est entendu inquisiteur, je me charge de le poursuivre. Nous nous recontacterons."

Soudain, en un souffle de vent, Tarl avait disparu...

Mitsaguru attendit que Tarl fut parti, et assez loin pour éclater de rire. Il planta violemment son épée dans le sol, et ses pouvoirs firent vibrer les maisons aux alentours. Il percevait l'aura de Tarl bien assez fort pour sentir là où il s'était arrêté. C'était un lieu assez anodin, mais un léger frisson parcouru l'Inquisiteur lorsqu'il se concentra sur l'étendue du lieu. Un refuge de chyroptères ? Non, il l'aurait déjà localisé dans ce cas. Un gueux passa alors une porte, l'air affolé. Il s'arrêta devant Mitsaguru, se mettant à genoux et lui baisant les pieds en reconnaissant sa toge. Un sourire carnassier naquit sur le visage du saint homme. Il saisit son épée et transperça l'humain.

"Vous êtes reconnu coupable de démonerie."

Il leva sa victime et planta ses crocs dans son corps, avalant son sang à grande goulée. Une fois son repas achevé, il taillada la marque de ses dents et le décapita. L'Inquisiteur retourna sa cape rouge, et la revêti. L'intérieur était noir, et une capuche pendait. L'ensemble masquait entièrement son attirail, et nul n'aurait put se douter qu'il avait affaire à l'éxécuteur en chef de l'Inquisition. Le chyroptérien masqua tous ses titres. Sa tenue apparaissait maintenant comme quelconque, sauf son épée, toujours aussi étrange. Il s'avança à la suite de Tarl, parfaitement repus, et attendant que ses hommes trouve le corps. Ils se mettraient aussi tôt à parcourir tout le quartier, lui laissant ainsi la possibilité de les alerter dès que possible.